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Athlétisme: après le confinement, les kilos à perdre et les muscles à regagner

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Alors que la saison estivale doit enfin commencer en juillet pour une majorité d’athlètes, beaucoup d’entre eux doivent retrouver leur corps d’avant-confinement, imposé aux Français entre le 17 mars et le 11 mai.

Une alimentation moins équilibrée, moins de sport... Les athlètes tricolores ont pris du poids ou perdu du muscle pendant le confinement dû au coronavirus, du 17 mars au 11 mai en France. Pour un athlète de très haut niveau, le rapport poids-puissance est essentiel. Un ou deux kilos supplémentaires et la performance en pâtit. "Un kilo pour un marathonien, c’est tout de suite une minute de perdue au moins, et entre 2h10 et 2h11, pour les athlètes internationaux ça change tout, analyse Gilles Garcia, le référent demi-fond à la Fédération française d’athlétisme. La prise de poids, c’est pénalisant pour la performance évidemment, mais ça augmente aussi les risques de blessures tendineuses et musculaires". Egalement entraîneur d’un groupe d’une quinzaine d’athlètes au CREPS de Montpellier, Gilles Garcia estime que 20% des athlètes ont pris du poids et 20% ont perdu des kilos par la fonte des muscles, les 60% restants n’ayant pas bougé.

Depuis le déconfinement, Rénelle Lamote a perdu 4 kg 

Dans la première catégorie, on peut citer la triple vice-championne d’Europe du 800m Rénelle Lamote. "Je n’ai pas spécialement grossi pendant le confinement, mais j’avais pris du poids depuis plusieurs mois", notamment à cause d’une blessure qui l’a empêché de s’entraîner à fond depuis la fin de saison 2019. "Depuis le déconfinement, j’ai perdu 4 kg ! Ça se passe super bien, je me sens vraiment mieux, tout est plus facile. Je suis plus affûtée qu’à Doha aux championnats du monde", où Rénelle Lamote a sous-performé, en sortant dès les demi-finales du 800m.

La demi-fondeuse, désormais à Montpellier, ne fait plus de fixette sur son alimentation. "Pendant le confinement, j’ai fait des apéros, j’ai mangé des glaces, je n’ai pas fait spécialement attention". Il a donc fallu prendre des pincettes avec elle pour la reprise de l’entrainement. Gilles Garcia a choisi une phase douce de réathlétisation avant les vraies séances. "On part sur de la course à pied longue durée, à basse intensité, au premier seuil, et beaucoup de renforcement musculaire, avec des répétitions à charge moyenne".

Alexis Miellet a perdu des muscles

La perte de masse musculaire, c’est ce qui est arrivé à Alexis Miellet, demi-finaliste du 1500m aux derniers Mondiaux au Qatar. "J’ai perdu un demi-kilo pendant le confinement. J’ai mangé très varié, pas gras, des légumes comme d’habitude même si pour garder l’esprit bien clair, il faut savoir se faire plaisir de temps en temps. Je bois une ou deux bières avec les voisins et s’il faut manger des frites, je ne me prive pas". Mais le manque de sport et de musculation intensive lui a fait perdre de la masse musculaire. "J’ai repris l’entrainement depuis 5 semaines maintenant, je suis bien revenu surtout que j’ai traîné une blessure un mois pendant le confinement. Je cours 3’40’’ en ce moment le 1500m, c’est super positif".

"Un petit effet brioche" chez Pascal Martinot-Lagarde

La dernière catégorie d’athlètes, c’est ceux qui n’ont pas bougé d’un iota. Désormais très expérimenté, le champion d’Europe et médaillé de bronze mondial sur 110m haies Pascal Martinot-Lagarde connait parfaitement son corps. "J’ai pris un tout petit peu de masse grasse et perdu un peu de muscle certainement, d’où un effet "brioche" sur le ventre à la fin du confinement, mais ma courbe de poids n’a pas bougé". PML a pris un kilo en 2020 pour culminer à 89 kg.

"Je suis plus "tanké" aujourd’hui, je m’étoffe, c’est une transformation normale maintenant que je suis dans la deuxième partie de ma carrière". À Reims, où il s’entraîne, Pascal a craqué pour "deux kebabs" pendant le confinement, mais il avait plus de temps que d’habitude pour cuisiner et faire beaucoup de musculation. Après quatre semaines d’entraînement, PML est dans les temps et espère retrouver la piste pour le meeting de Monaco le 14 août, si le 110m haies est ajouté au programme.

La FFA au chevet des athlètes

L’alimentation pendant le confinement a été surveillée par la Fédération française d’athlétisme, appuyée par le ministère des Sports et l’INSEP qui ont édité des documents, par sport, pour accompagner les sportifs pendant et après le confinement. Outre l’alimentation et la ligne des athlètes, la commission médicale de la Fédération apporte un soin particulier aux conséquences psychologiques du confinement sur les athlètes. "Certains se demandent si lancer un bâton ou courir vite est si important dans la vie" analyse Pierre Hertert, ancien président de la commission médicale de la FFA, et également au niveau cardiaque, les effets du Covid-19 sur le cœur n’étant pas encore bien connus.

Aurélien Tiercin