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Amsalem : "Ça m’agace qu’on s’en prenne toujours à l’athlétisme"

Bernard Amsalem

Bernard Amsalem - AFP

A six jours du début des Mondiaux de Pékin, Bernard Amsalem était dans l’Intégrale Sport ce dimanche sur RMC. Le président de la Fédération française d’athlétisme s’est exprimé sur les dernières révélations du Sunday Times, qui affirme que la Fédération internationale a bloqué la diffusion d’une étude menée par l’Agence mondiale antidopage montrant que de nombreux athlètes ont eu recours à des produits interdits lors des Mondiaux 2011 à Daegu.

Les révélations du Sunday Times

« Je trouve que depuis quelques semaines, il y a beaucoup de choses. C’est peut-être la période de floue dans laquelle on est au niveau de la gouvernance de notre Fédération internationale. Une période de fragilité puisque nous avons les élections dans quelques jours (19 août), avec deux candidats fantastiques (Sergueï Bubka et Sebastian Coe) qui vont lutter pour la présidence. Il y a une passation de pouvoir qui fait qu’il y a moins d’attention par rapport à ces problèmes de la part de Fédération internationale. Cette Fédération a été la première à mettre en place le passeport biologique. C’est la seule aujourd’hui avec le cyclisme. Cette étude est commanditée par l’AMA (Agence mondiale antidopage). C’était une espèce d’enquête avec un questionnaire auprès des athlètes qui ont répondu de manière anonyme. Je ne comprends pas que l’AMA ne l’ait pas publiée puisque c’est elle qui a dirigé cette étude, pas l’IAAF. »

Une enquête dealée entre l’AMA et l’IAAF ?

« Très franchement, je n’y crois pas. Je n’ai pas tous les éléments pour juger. L’IAAF a été la première fédération internationale à mettre en place le passeport biologique en 2009. Aujourd’hui, on remonte jusqu’à dix ans en arrière pour recontrôler les échantillons que l’on garde pour éventuellement trouver des gens qui auraient utilisé des produits inconnus à l’époque du contrôle. Aucune autre fédération ne le fait. Je trouve très particulier cette attaque directe vers l’athlétisme, alors que beaucoup d’autres sports pourraient balayer devant leur porte. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. On voit dans certains sports des performances ahurissantes et on laisse faire. Il y a une espèce de tabou avec le dopage. C’est une question importante d’éthique pour les valeurs du sport. Il ne faut pas qu’une fédération puisse faire à la fois le travail de prévention, de suivi et de répression. Il faut externaliser. Il faut vraiment une justice du sport qui traite de ces questions, de manière à ce que tous les sports soient à égalité. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Donc ça m’agace qu’on s’en prenne toujours à l’athlétisme alors qu’il y a des questions à se poser dans beaucoup de sports. »

Le bilan de Lamine Diack, l’actuel président de l’IAAF

« Moi, j’attends que les enquêtes aillent au bout. Il y en a plusieurs en cours. La commission d’éthique de l’IAAF a procédé à une expertise depuis plusieurs mois, c’est dommage qu’on n’ait pas eu les résultats avant les élections. Il y a aussi l’enquête de l’AMA qui est en cours. J’attends avec beaucoup d’intérêt le résultat de cette enquête pour comprendre quel est le problème qui se situe au niveau de l’IAAF. Je ne dis pas que l’IAAF est toute blanche. Mais il faut faire très attention à ne pas faire d’amalgame ni à jeter l’opprobre sur l’ensemble des athlètes. Il y a majoritairement des athlètes qui sont cleans et qui respectent les valeurs du sport. Aujourd’hui, on a l’impression que tout l’athlétisme est entaché de tricherie, de dopage. C’est quand même très loin de la réalité. »

Le dopage au centre des élections à venir

« Absolument. C’est un thème central dans le débat aujourd’hui. C’est pour ça que j’apporte mon soutien à Sebastian Coe. Il a une vision de l’éthique et des valeurs du sport qui correspond tout à fait à ce que je pense, en particulier sur ces problèmes de dopage. Il dit que c’est à une agence indépendante de traiter les problèmes de sanction. Je suis d’accord avec lui. Il ne faut plus stigmatiser le travail des fédérations et donner cette responsabilité à un tribunal spécialisé, avec une égalité de traitement pour tous les sports. »

L’éventuelle démission de Lamine Diack

« Ça n’a plus aucun intérêt à trois jours de l’élection. Et puis moi, je ne crois que ce que je vois. J’attends les résultats des enquêtes. Attention à l’amalgame et à la suspicion généralisée. Il y a encore des progrès, je veux bien l’admettre, mais ne tapons pas toujours sur les mêmes. »

Les ambitions des Bleus aux Mondiaux de Pékin

« L’équipe de France est amputée de nombreux absents pour blessures. Donc ce sera un peu plus dur. Mais nous avons une jeune génération. Renaud Lavillenie, qui est notre porte-drapeau, a une revanche à prendre puisqu’il n’a jamais gagné aux championnats du monde. C’est le seul titre qui lui manque donc il aura à cœur de régler ce problème. Il y a des jeunes talents, comme Jimmy Vicaut (100m) et Rénelle Lamote (800m), qui peuvent créer des surprises. Il y a aussi les relais, avec notamment le 4x400m féminin. On a quelques espoirs de médaille. »