
All Star Perche: Lavillenie a "retrouvé le potentiel" pour le record du monde
Renaud Lavillenie, 6,06m après la "catastrophe" des championnats de France la semaine dernière... c’est un soulagement?
J’avais mis le doigt sur certains trucs à Miramas et comme souvent, je me trompe peu, je savais qu'aujourdhui il y avait un gros truc à jouer. Ce sont des altitudes qui demandent beaucoup d'énergie mais quand je suis sur des repères comme ça, je sais qu'il peut se passer de grandes choses. Un énorme plaisir, un énorme soulagement. Déjà, en tant qu'organisateur, de voir que l'évènement est un succès. C’est un vrai bonheur. Et d'un point de vue perso, en tant qu’athlète, l'objectif était de préparer les Europe de la meilleure manière possible. 6,06m, difficile de faire mieux. C'est un énorme bonheur.
C’est un message pour Armand Duplantis?
Bien sûr, on savait qu'il y avait un pseudo concours à distance. Il sait ce que je suis capable de faire, il a vu certains trucs. Je sais aussi ce qu'il est capable de faire. On sait qu’aux Europe, l’un des deux va peut-être finir deuxième avec 6m... Lequel, on ne sait pas. Il a fait trois fois 6m cet hiver, moi deux fois. Un championnat d’Europe, ça se gagne. Cela va être excitant. C'est une compétition qui me réussit, j'ai gagné quatre fois en quatre participations. Ce n'est pas comme les Mondiaux, où je pars avec l'épée de Damoclès du fait de n'avoir jamais gagné. Pour une fois, ce n’est pas moi le favori. Il faudra prendre les concours dans le bon ordre. C’est un vrai bonheur de pouvoir arriver dans ces dispositions. Finir février sur une performance que je n'ai accomplie que l'année de mon record du monde, c'est tout sauf anecdotique.
Comment tu as vécu ce concours marquant pour ta carrière, à 34 ans?
Je n’avais pas le droit de pas faire 6m. A 5,96m, je suis 15-20 cm au-dessus de la barre. J’ai pas de mots pour décrire toute l’émotion qu’il y a derrière. C’est un énorme bonheur, la plus belle récompense pour les gens qui me supportent... Certains en ont chier en début de semaine parce que j'étais insupportable après les France, je me suis mis la pression et j'ai assumé. Cela libère et concrétise beaucoup de choses au quotidien.
Pourquoi tenter 6,20m et pas 6,19, suffisant pour le record du monde?
Parce que je nesuis pas comme les autres (sourire). Tant qu'à faire... Entre 6,19 et 6,20... 6,20m, ça claque beaucoup plus! J’avais tenté les 20 il y a un mois et il y a des moments où ma réflexion est bien différente de celle de beaucoup d’athlètes. Je sais que j'ai retrouvé le potentiel pour y arriver, alors que je n’y croyais plus il y a quelques mois. J'ai de quoi tout mettre en place. Même si ce n'est pas une fin en soi de récupérer le record du monde, si je peux faire plusieurs fois 6m dans la saison, je sais que je me mets en bonne position pour les Europe et les Jeux olympiques cet été, cela reste un des gros objectifs. Il faudra chercher une medaillle, peu importe la couleur, ce sera une grosse récompense.
Votre entraîneur pense que vous êtes capable de battre le record du monde...
Le truc c’est qu'il y a un mois, on s’est redécouvert des trucs. On s’était mis l’objectif de faire 6m cet hiver, je l'ai passé plus tôt que prévu et plus facilement que prévu... On s’est dit derrière qu'il y avait moyen de faire beaucoup plus. Quand on voit mon saut à 6,06m, personne ne peut dire que je n'ai pas au moins 6,10m dans les jambes... Les 6,20m, il (Philippe d'Encausse) me dit presque 'préserve toi' mais je sentais qu'il y avait moyen que ça puisse passer aujourd'hui. Je ne voulais surtout pas passer à côté et je n’ai pas à me plaindre. Sans être libéré à 100%, je prends une de mes plus grosses perches. J’ai ressenti une petite pointe à l’ischio mais le corps entier ne peine pas à aller là-haut. Sur un concours où j’économise plus d'énergie sur les sauts d'avant, je me dis qu'il y a moyen que cela se fasse. Mais l’objectif de l’hiver, c'est d'emmerder Mondo (Duplantis) le plus possible. Il y a moyen de pouvoir le battre. Je n'ai jamais été aussi près, dans ce contexte, même s'il a une marge, il a 13 ans de moins que moi, il a sauté plus de fois plus haut que moi. Sur un concours, il peut se passer beaucoup de choses. Cela va être excitant.
Est-ce possible d’embêter Duplantis jusqu’à Paris 2024?
Je me dis qu'à 34 ans et demi, je suis capable de faire des trucs comme ça... Je suis lucide, je serai âgé à Paris (rires). Sans avir la prétention de dire 'je vais gagner à Paris', j'ai les moyens de pouvoir a minima me qualifier là-bas. Je n'ose même pas imaginer, dans un stade conquis, à la maisonavec 80.000 personnes derrière moi... aller chercher quelque chose, c'est plus que possible.