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Alain Mimoun, une légende s'en est allée

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Champion olympique du marathon à Melbourne en 1956, Alain Mimoun est décédé à l'âge de 92 ans. Le sport français perd à la fois un immense champion doté d'un énorme palmarès et son plus illustre doyen qui avait l'étendard tricolore chevillé au corps.

Ce vendredi, le sport français est orphelin. Légende de l’athlétisme tricolore, champion olympique du marathon en 1956, Alain Mimoun s'en est allé à l’âge de 92 ans dans sa demeure de Champigny, dans le Val-de-Marne. Une dernière accélération vers l'au-delà, lui qui a continué à courir quasiment jusqu'à son dernier souffle, s'astreignant à galoper dans les allées du bois de Vincennes ou à l'Insep. Par amour de la course à pied, tout simplement.

Né le 1er janvier 1921, Ali Mimoun Ould Kacha dit Alain Mimoun a régné sur le demi-fond et le marathon français de 1947 à 66, remportant 29 titres de champion de France du 5000m, du 10000m, du marathon et de cross-country. Le sociétaire du Racing Club de France décrochera également trois médailles d’argent lors des JO de 1948 et 1952 avant la consécration de 1956. Et son duel épique dans la fournaise de Melbourne contre la locomotive tchécoslovaque, Emil Zatopek.

« Je l’ai appris brutalement comme tout le monde, a confié Stéphane Diagana. C’est d’abord la surprise parce qu’il n’était pas malade mais a priori assez fatigué. J’avais l’impression que ça ne pouvait jamais lui arriver. Je le voyais quand j’étais athlète, il devait avoir 75-80 ans, il courait encore dans le bois de Vincennes. Il avait toujours la passion de la course à pied. J’ai toujours ces images de quelqu’un d’âgé mais qui marchait, était très actif. Il y a la réalité de l’âge. C’est une vie extraordinaire, ce n’est pas que 1956, c’est l’un des palmarès les plus riches de l’athlétisme.

L'étendard tricolore chevillé au corps

Ancien combattant de la seconde guerre mondiale en qualité de sous-officier, ce pied-noir d'Algérie né à Maïder (arrondissement du Telagh, département d'Oran) avait l'étendard tricolore chevillé au corps. Plus patriote que lui, c'est simple, cela n'existait pas. Prêt à mourir pour la patrie sur les champs de bataille, Mimoun avait le même état d'esprit dès lors qu'il endossait le maillot bleu (85 sélections au compteur). Avec lui, la France était toujours à l'honneur. Un parfait ambassadeur pour le Général de Gaulle, toujours cité d'ailleurs en exemple par Mimoun lui-même qui était son premier fan. Une extraordinaire icône française, comme en témoignent les décorations accrochées à son poitrail par... quatre présidents de la République française différents, lui qui fut donc successivement chevalier, officier, commandeur puis grand officier de la Légion d'honneur. Mais aussi Chevalier de l’Ordre national du Mérite et commandeur de l’Ordre du Mérite sportif.

Viscéralement passionné de course à pied, Alain Mimoun n'avait pas son pareil pour relater ses exploits, s'emballer d'enthousiasme et couver d'affection la jeune génération. Lors des Mondiaux 2003 disputés à Paris-Saint-Denis, il avait, par exemple, participé à toutes les célébrations de médailles tricolores au Club France, ne ratant jamais une occasion de distiller un précieux conseil ou d'adouber un athlète en qui il croyait mordicus. Avec sa faconde et son inimitable accent pied-noir qui nous manquent déjà cruellement.